Pour ne pas vivre seul

Peut-on se parler à soi seul ? Qu’est ce que le discours de soi qui ne soit pas adressé à l’Autre. En somme qu’est ce que je pense de moi ? Qu’est ce que j’aimerais en penser ? Ce que je sais de moi ce n’est pas forcément ce qu’on dit habituellement de soi : actions, valeurs, caractère. En bref, ce qui aura évolué d’années en années. Ce que je pourrais dire de moi est d’abord une histoire, celle d’un enfant inquiet de ne pas être aimé. Une histoire d’insécurité. Ce que j’ai fait de cette insécurité est mon chemin. Pour le meilleur et pour le pire. Parlons du meilleur : situation matérielle confortable, physique entretenu, cerveau psychanalysé. Tout cela m’a coûté un certain nombre d’efforts et dans mes bons moments, je me dis que je peux être passablement fier du résultat. Dans mes mauvais moments, je sens que le bilan sonne creux. Parce que cela n’a jamais été la réponse définitive à ce maudit sentiment d’insécurité. Un moteur à faire, à penser peut être, des trucs pour s’occuper l’esprit, se raconter et se donner le sentiment d’exister mais pas une quiétude, une tranquillité. Il y avait leurs rires, leurs discussions, leurs attentions. Il y avait la chaleur de ses bras. Et cela était la seule réponse possible. On me dit de cesser d’attendre. C’est non. Je veux bien tenter de changer la qualité de la came, je ne renoncerais pas à mes drogues favorites. Admettons quand même que plutôt que de se jeter sur n’importe quoi, il faudrait penser à se sevrer un peu.