Changement de rythme
Comment s'inventer et que dire de soi ? C'est parce que je ne savais plus très bien répondre à cette question que le silence s'est fait quelques temps sur ce blog. Pourtant ces dernières semaines, qu'y-a-t-il eu de réellement différend ? La vie était là avec ses hauts et ses bas, attachante parce que j'en ai retrouvé le goût. Ce que je faisais en écrivant ici avait auparavant un sens : en faire le récit, et dire ses émotions surtout. Je l'ai fait avec bonheur, avec douleur parfois et d'entendre ma voix m'a fait un bien fou. Ce qu'il y a et que j'essaye de retrouver ce soir, c'est qu'il me semble qu'insidieusement quelque chose a été perdu, ou peut-être gagné. Ce que je sens, c'est que des années de pratique introspective, analysante, solitaire m'auront conduit à souhaiter entendre parler de moins en moins de moi et de plus en plus de l'Autre. Résultat paradoxal, presque spectaculaire pour qui aura passé tant de temps à ne s'interesser qu'à lui. C'est cela oui, commencer par n'être qu'à soi et finir par sortir de soi. Et sans doute que ce blog m'aura servi à en prendre conscience. En le relisant, je constate effectivement ce décentrement, d'abord tourné vers moi, il s'est lentement déplacé sur ce que je vivais ailleurs, ce que je lisais ailleurs aussi. Et pour servir de purge définitive, aller au bout de soi pour s'en débarasser, ce voyage au Vietnam. Donc aller à la rencontre de l'Autre soit. Mais quel autre ? D'abord autre chose qu'un objet de séduction, le support de son propre pouvoir. Non, l'Autre comme témoignage vivant de ce qui est vivant. Et qu'y-a-t-il de plus vivant que le partage ? Voilà ce qui m'agite, voilà ce qui m'émeut. Cela au creux du ventre, qui me remue les tripes. Porter en soi une exigence nouvelle, chercher l'Autre bien sûr, mais capable du partage pour me permettre de l'inventer à mon tour. Voilà ce à quoi me rappelle Curtis et Accentcirconflexe dans leurs précédents commentaires. Voilà pourquoi en les lisant ce soir, cela m'a été cher. Et parce que je ne l'aurais sans doute pas compris sans ce regard ces quelques derniers mois, dites à Chronolog qu'il manque.
Parce que aujourd'hui ce que je vis est un désordre nécessaire mais sans doute vain, un mouvement permanent d'il-y-à-faire, des ambitions réalisées remplacées par d'autres, je sens bien qu'il n'y aura de repos que dans la rencontre et l'échange. Et cette attente là m'angoisse un peu. Mais je suis un grand garçon maintenant et j'ai appris à faire semblant d'avoir confiance.
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