La cuisine du bonheur
Chronolog, depuis quelques posts se demande : comment écrire les moments de bonheur ? Je ne sais pas trop pour vous, mais, moi, je n'avais pas trop d'idées pour répondre à cette question là. Enfin tout à l'heure, peut-être à cause de l'humeur du jour, je me suis rappelé que j'avais rangé dans ma tête, bien au fond d'un tiroir, cachée par un dossier sur lequel était marqué au feutre rouge "PROBLEMES QUOTIDIENS", une liste personnelle d'ingrédients du bonheur. Je viens de la relire, et je suis resté perplexe. Ce n'est pas vraiment qu'il s'agisse de trucs personnels, mais c'est vraiment une liste d'ingrédients basiques, il n'y a pas les recettes, parce que en général moi j'improvise, je ne suit pas un bouquin. Alors évidement, vous la donner comme ça, ça va être un peu juste. Chronolog avait raison, pas facile, facile de parler des moments de bonheur. Mais bon puisque je n'ai que ça, je vous dis moi ce que j'en ai fait dans la vie, de ces ingrédients là. C'est des idées, il y a plus original évidement, faut adapter. Mais vous êtes bon cuisinier non ? Le principe général, c'est que la recette du bonheur chez moi c'est sucré-salé, par tradition familiale je suppose, on peut ne pas aimer.
Ma recette personnelle du bonheur au boulot est d'un intérêt gustatif relativement limité. Mais elle est assez généreuse en sous (on peut faire avec moins, mais c'est tout de suite moins bien) et s'aggrémente d'une sauce somme toute légère d'horaires non contrôlés. C'est ce que je me dit quand on me fait avaler de gros morceaux de stress pour l'accompagner. C'est une recette difficile à renouveler mais dont l'intérêt principal reste d'être une valeur sûre. Je sais bien, il y a plus folichon, mais la cuisine bourgeoise, quand on y réfléchit, ça peut avoir du bon.
Ma recette de l'amitié repose sur finalement assez peu d'ingrédients et même s'il est possible, le succès n'est pas garanti aux premiers essais. Chaque ingrédient a sa saveur propre, qu'il faut reconnaître, et si la sélection a été effectuée avec soin, les résultats sont là, parfois surprenants, mais quand on y goûte, c'est absolument remarquable.
La recette de la famille s'accomplit, contrairement à la recette de l'amitié, avec des ingrédients imposés, de base, on pourrait dire de fond de placard. La difficulté vient de là, et il faut faire avec. Dans ces conditions, certains éléments de la recette peuvent s'avérer rances, avariés voire complètement pourris. Malgré tout, on peut, si on a le tour de main, avec de bonnes doses d'amour et de lucidité, obtenir avec le temps, un résultat qui tiendra chaud. J'en parle avec un peu de fierté, mais c'est vrai que je me suis donné du mal.
Ma recette du sentiment est ex-trê-me-ment difficile à réaliser. Ne serait-ce que parce que l'ingrédient principal semble impossible à dénicher. J'avoue pour ma part, parce que réaliser la recette me tenait particulièrement à coeur, avoir utiliser un peu ce qui se présentait en faisant mon marché, en comptant sur mes talents de cuisinier, pour l'accommoder. Je ne sais pas si c'est réellement la solution, parce qu'il m'est arrivé de ramener à la maison, des choses tout à fait rétives à la cuisson, quels qu'en soient les modes adoptés. Les résultats n'ont pas tous été probants, loin s'en faut, et il m'a fallu parfois mastiquer longtemps avant, pardon de le dire, de déglutir. Mais évidement, là encore, avec le temps et l'expérience, le goût s'affine. On apprend progressivement à ne pas se jeter sur la nourriture et et à apprécier en gourmet, le contraste du chaud, du froid, du mou, du croustillant, du sucré et de l'amer. Le résultat est toujours changeant et dégage des parfums envoûtants, riches et complexes. Remarquez bien hein, que tout ne frise pas la perfection, on peut même consommer du tout à fait médiocre. Mais justement, tout finit par servir, le manque comme l'accomplissement et conduire à élargir la palette des sensations.
Voilà je fais cette tambouille là, avec ses ratages et de ses réussites évidemment, c'est pas quatres étoiles mais c'est vivant. De toutes façons mon bonheur à moi c'est d'être au fourneau. Pas dedans. Et si pour la cuisine du bonheur vous faites autrement, expliquez-moi, je suis preneur.