Petites questions

Il aura suffit d'une petite question au moment de nous coucher après une soirée chez un ami à lui, où il ne s'est strictement rien passé, vingt personnes rassemblées qui justement ne se disaient rien. Etait-ce la fatigue du creux, le doute qui m'envahit depuis quelques temps sur le sens de ce que nous vivons, l'envie que quelque chose se noue et de pouvoir fermer les yeux sur le noir en ayant fait fuir le sentiment du rien...alors j'ai juste posé une petite question au moment de nous coucher. Il a dit alors ce qu'a été sa relation avec l'autre pendant dix ans, sa magie et ses trahisons. Il a dit beaucoup de ce qu'il n'avait pas dit jusqu'à maintenant, à chaque fois relancé par mes interrogations. J'ai fini par cesser de le questionner, effrayé, peur d'avoir envie de ce qu'il me racontait et d'en être jaloux,  peur de le voler aussi, d'aller trop loin, peur  d'entendre que ça sonnait juste, que ça sonnait vrai, que c'était lui, vraiment, et que je comprenais. Peur d'en être ému, peur d'aimer et de se mettre en danger. Et puis comme une alerte, à un moment, je me suis rendu compte que lui, ne me posait pas de questions. Résultat, dans le noir, quand le silence s'est fait et qu'il s'est endormi, je suis resté les yeux grands ouverts, en me demandant ce qu'il venait de se passer. Ce matin, il m'a parlé longuement de ses parents. Cela non plus je ne l'avais jamais entendu. Il est parti comme à regret. Il annoncait qu'il voulait partir, et il continuait de parler, il annoncait qu'il allait partir et il continuait de se raconter. Ce soir, quand il est revenu, je lui ai dit que j'étais content qu'il l'ai fait. Il a répondu qu'il avait vu que j'étais content. Mais est-ce que je l'étais vraiment ? Je l'ai écouté mais lui, est ce qu'il m'a regardé ?

Comments

[eyck]

Ouf... Ca fait du bien. Faut que j'apprenne à faire confiance. C'est un choix possible aussi. Tu as raison. Merci beaucoup en tout cas.

[mosca]

il y a ceux qui écoutent et ceux qui parlent, quelquefois ce sont les mêmes, quelquefois non... et il arrive que ce soit par pudeur qu'on ne pose pas de questions, qu'on attende que ça vienne tout seul... il y a aussi qu'on n'a pas toujours envie que ce soit confidence pour confidence, qu'il y a des jours où on parle et des jours où on écouté. Il y a aussi des gens qui ne font qu'écouter, et d'autres que parler... et ça ne veut rien dire en soi, et surtout pas qu'il s'agit de désintérêt. Il avait besoin de parler, tu étais là pour rompre la digue. C'est aussi une marque de confiance, un cadeau qu'il t'a fait, on ne se raconte pas à n'importe qui...
Aie confiance toi aussi.