Précis amoureux à l'usage de moi-même
Bon voyons voir et faisons le point...Sur un plan factuel, j'ai envoyé un texto à J2M hier qui disait que je voulais que nous cessions de nous voir. Je l'ai un peu raconté ici, depuis pratiquement le début de notre rencontre, J2M, n'a cessé de me répéter qu'il ne voulait pas s'engager, contrairement à moi, dans une construction amoureuse. Pourtant, j'ai durant deux ans et demi, persisté à entretenir notre relation, dans l'espoir que ce désir lui vienne. Pour quelles raisons n'ai-je pas fui ? Parlons d'abord sur ce qui relève un peu de sa responsabilité : J2M n'est jamais parti... je veux dire que malgré la crainte qu'il pouvait avoir de mes attentes à son égard, il n'a jamais pris la décision définitive de ne plus me voir, de ne plus me parler, de ne plus coucher avec moi, et malgré de nombreux atermoiements, est revenu, sur mon insistance, sur chacune de ses résolutions. Bien sûr, pour l'en persuader, j'ai déployé une énergie conséquente, jusqu'à bâtir des discours sur une relation "d'amitié particulière", ni ami, ni amoureux, mais amants proches tout de même, quelque chose comme du "fuck body" amélioré, sans attente de futur, dont je m'étais moi-même convaincus. J2M a toujours douté, plus ou moins confusément, de ma volonté d'installer réellement entre lui et moi un truc pareil et a multiplié les signes d'éloignement, de distance, de refus, entretenant par là même, une frustration et un sentiment de désir et de dépendance croissants que je masquais, pour ne pas l'affoler et le perdre, en lui parlant à nouveau d'échanges neutres sentimentalement, auxquels il finissait par consentir puis ne plus croire, et se ravisant, en provoquant de nouveaux éloignements, de nouvelles distances... Enchaînements épuisants... mais auxquels, jusqu'ici, ni l'un, ni l'autre n'avons jamais voulu renoncer.
Ce qui a provoqué la rupture est son annonce, plus ou moins claire, d'une nouvelle rencontre laquelle il semble vouloir accorder de l'importance. Pour moi, la partie est devenue impossible à jouer, et le sentiment de danger trop important. Les clignotants au rouge, j'ai pris la décision d'en finir. J'ai cru pouvoir en être fier, je n'en suis pas si sûr. C'était certainement nécessaire mais ça reste insuffisant et j'aurais du le faire depuis longtemps. Dès ce soir là, où trois mois après notre rencontre, il m'a dit que la construction amoureuse n'était pas son objectif. Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Précisément pour cette raison là. J'ai expliqué dans un autre post, que j'étais assez spécialiste de ce genre de défi. Courir après ceux qui ne veulent pas de moi est assez mon genre. J'ai passé beaucoup de temps à essayer d'analyser pourquoi. Je n'en définis pas complètement les contours, disons seulement, que les racines de ce genre de comportement viennent d'une enfance affectivement insécurisante. Et que j'ai longtemps pensé que convaincre ceux qui ne m'aiment pas de m'aimer pourrait être la véritable démonstration que je suis aimable. On voit l'ampleur de la névrose. Reste que je constate, après des années de pratique, que tout cela est extrêmement coûteux et qu'il serait bon de changer d'objectif et de définir ce que je veux vraiment. Qu'est ce que je peux vouloir ? La réponse est venue d'une longue conversation avec mon frère, où je me plaignais une fois de plus d'avoir échoué à construire une relation épanouissante, il m'a signifié d'une manière assez directe de cesser de m'apitoyer sur mon sort. En m'indiquant que je n'étais pas la victime de J2M, ni d'aucuns autres d'ailleurs, il m'a rappelé que je m'étais moi-même engagé dans ces histoires piégées et qu'au delà des raisons qui aurait pu m'y pousser, l'important maintenant était de savoir ce qu'elles m'avaient appris, ce que j'en avais retiré :
De mon histoire avec M., je peux dire l'importance du corps. Il a été, pour moi qui faisait peu de cas de la sexualité - parce que je ne me pensais pas aimable et d'abord physiquement - le premier pour lequel j'ai eu un désir extrêmement violent et qui avait envie de moi. La dépression est venue quand son regard m'a quitté et je n'ai eu de cesse que de revivre à travers la beauté que je prêtais à ceux qui ont suivis, l'occasion de nouvelles confirmations de ce que j'étais. Je ne suis pas sorti totalement de ce type de subjugation, j'essaye de réaliser l'aveuglement qu'elle provoque, mais a contrario, j'ai compris qu'être avec quelqu'un que je ne désire pas était aussi une atteinte à moi-même.
De mon histoire avec J., je peux dire l'importance de l'être. En dénonçant systématiquement ce que j'étais, ce que je faisais, ce que je pensais, J. m'a contraint à m'interroger dessus et au final à le défendre. J'y ai compris l'importance de l'échange avec l'autre, d'une proximité de valeurs et d'approche de la vie.
De mon histoire avec J2M, la leçon est plus neuve. Celle sans doute d'une volonté commune et d'un projet partagé. J'ai essayé de construire sans cela, en pensant que j'avais les moyens de convaincre l'autre de les inventer...à force de patience, de mesure, en m'adaptant pour ne pas faire peur... mais je suis au final assez peu doué pour faire le bonheur de quelqu'un qui n'en veut pas. Il faudrait sans doute, que je sache dégager plus de mystère, me mettre à distance, pour provoquer l'envie... et encore sans résultats garantis. Ne vaudrait-il pas mieux rencontrer quelqu'un qui sache déjà ce qu'il veut ?
Tout cela fait un peu le portrait de ce que je veux. Et est d'une évidence confondante. Mais moi, j'ai mis des années à le comprendre. A saisir que c'était çà l'objectif. Il y a plus de dix ans, je demandais à une psy si j'étais condamné à vouloir les garçons qui ne voulaient pas de moi... elle m'a répondu que non, mais que je devais les choisir avec plus de discernement... c'est maintenant que je commence à discerner ce qu'elle avait pu vouloir me dire.
Je sais que savoir ce qu'on veut est la première condition pour l'obtenir. La deuxième est de s'y tenir. Avec le moins de compromis possible. Ce n'est pas moi qui le dit le mieux. Une fois de plus, c'est lui :
"La seule chose que je peux éventuellement revendiquer est d'avoir tenu bon. Les chemins détournés ne m'ont pas perdu. Et les plus grandes claques que j'ai prises, c'était, à chaque fois, quand je n'étais pas sur mon territoire.
C'est donc bien de cela dont il est question. Une question de territoire. Mon territoire, je l'avais identifié depuis le début de toute l'histoire. Je m'en suis éloigné, pour gagner ma vie, par sagesse ou par esprit pratique, et plus d'une fois parce que je n'avais pas le choix. Je ne le regrette pas: il fallait en passer par là, je ne serais pas capable de faire ce que je fais aujourd'hui sans le passé qui m'a construit. Il fallait tenter autre chose, voir ailleurs, tester mes propres capacités à m'oublier. Enfin apprendre (un peu) où se trouvaient les autres.
A 36 ans, j'ai l'impression d'être enfin rentré chez moi." Chronolog
Ce chemin là demande beaucoup de courage, je ne sais pas si j'en suis capable (je n'ai pas dit je ne peux pas, ,j'ai dit je ne sais pas). Essayons de nous mettre en route.