Violences
Demain les examens médicaux viendront me dire si ce cancer m'a envahi où s'il est resté tapi là où peut-être il savait que je n'irais pas le débusquer. Qu'est ce que je sens, qu'est ce que je pense ? Devant chaque violence faite à mon intégrité physique ou psychique, la même attitude, la même habitude. Pas la révolte non, l'arc-boutement, l'amorti, le dos rond. Instinctivement, une espèce de mise en parenthèse immédiate, une mise en bulle de l'esprit : on se dit que le pire ne peut advenir et lorsqu'il advient, on se dit que ce n'est pas le pire, et quand pourtant il faut en convenir, on se dit qu'il aura une fin. L'espoir en somme comme un réflexe de position foetale. N'offrir à la violence des coups que sa part la moins sensible. J'ai cru que cette part là pouvait être l'absence aux autres. C'est tout le contraire. Notre part la moins sensible, la plus résistante est notre capacité d'aimer. Celle-là nous protège, celle-là nous rend fort. Qu'elle disparaisse et nous livrerons notre plus grand trésor intérieur. Nous exposerons ce que nous ne devrions réveler qu'avec une extrême mesure : notre infini besoin d'être consolé.