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EyckBlog - Journal des Riens
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13 août 2004

Good bye Vietnam

Derniers jours. Dernière plongée au Vietnam. J'ai vécu en colocation dans un appartement, il y a plus de 15 ans, au moment d'arriver à Paris pour y faire mes études avec des cousins de ma mère. Eux aussi venaient d'arriver, avaient fui le régime communiste vietnamien pour s'installer en France. Ils se sont mal intégrés, ont vécu le déracinement, les galères d'argent, l'Occident n'était pas l'Eldorado, l'un deux, Chaù, c'est son nom, est rentré dans son pays, il y a peu. Nous l'avons retrouvé avant-hier à Saïgon et dîné en famille chez son frère. La maison se trouve à une demi-heure du centre, nous arrivons devant l'entrée devant laquelle est garé un 4X4 rutilant. Le bâtiment est construit bizarrement, comme tous ici, la façade est étroite, les pièces disposées en longueur, à l'intérieur, aquarium et fontaine intérieur sur puit de lumière. Pendant le repas, au cours de la conversation, on m'explique que le prix des terrains et des constructions ont flambé à Ho-chi-Minh dans des proportions stratosphériques. Posséder un logement comme celui dans lequel nous nous trouvons équivaut à investir de véritables fortunes. Le frère est publicitaire, sa femme qui se promène dans les rues de la ville,  en robe noire fendue, talons hauts et sac Vuitton, fait de la contrebande de vêtements de contrefaçons avec les russes. Le lendemain, je prends un café avec Chaù et nous discutons. Il raconte les bouleversements du Vietnam, l'écart démesuré entre ceux qui s'enrichissent de la corruption et ceux qui triment dans la rue comme ceux là partout présents, qu'on paye devant les boutiques et les restaurants pour garer et surveiller les motos. Il dit son espoir de trouver un boulot de planton, peut-être à l'Ambassade de France, qui lui permettrait de vivre ici correctement, confortablement. Nous faisons un tour de ville, la même ambiance bruyante, commerçante, des magasins partout le long des rues, tout le temps, les gens aussi, et la pollution réelle, en permanence menaçante. Après deux heures de ballades, je descends de la moto, étouffé, au bord de la crise d'asthme.

Pour mon dernier soir, je sors seul. Hier, coup de blues, j'ai appelé M. à Paris, suis tombé sur le répondeur. Je n'ai pas laissé de message. Je lui écris une carte en prenant un verre sur la terrasse d'un grand hôtel, qui surplombe la ville entière. Sur ma gauche des bâtiments officiels illuminés, drapeau rouge et étoile jaune au vent et statue d'Ho-Chi-minh qui tient dans ses bras un enfant. A mes pieds, la circulation, une activité incessante, flots de deux-roues et dans mon dos, une poupée vietnamienne en mini-jupe, chante « Smooth operator » sans accent.

Et puis dernière virée en boîte. Devant moi, deux garçons autour d'une table me hèlent. Ils font partie de la bande que j'ai déjà rencontré, me font asseoir et vont immédiatement chercher Cuong, qui est là aussi. Il vient, me salue assez chaleureusement, mais je sens très vite que quelque chose est différend. Il ne me regarde plus très franchement, souris à peine, semble ailleurs. Autour de nous, personne ne parle anglais, je tente de lui parler mais nous ne nous comprenons pas. J'essaye de lui expliquer que j'ai essayé de l'appeler sur son mobile, qu'il n'y avait personne ou que je n'ai pas su composer le numéro, il a l'air de ne pas me croire. La soirée se termine, nous allons manger dans le même restaurant de rue que la dernière fois mais Cuong ne s'installe pas à côté de moi. Enfin, le Viet américain arrive en taxi, il part lui aussi le lendemain, semble préoccupé, je comprends que cela s'est mal passé avec son copain ici, dont il est épris mais qui ne semble pas vouloir de lui. Cela ne l'empêche pas de lui offrir sa chaîne en argent qui lui met autour du cou, le « boyfriend » est ravi. Tout cela ne me semble pas très clair. Le gars américain n'est pas en grande forme. Je pressens que je ne pourrais pas lui demander en traduisant mon anglais, de débrouiller mon histoire avec Cuong. La situation est confuse, il me semble qu'il essaye de me dire que rien n'est possible parce que je pars le lendemain, je comprends aussi qu'il pourrait passer la nuit avec moi mais essaye de lui dire que je partage ma chambre avec mon frère cette nuit là. Très tard, au bord du trottoir, nous nous quittons. Il me sert dans bras. Fort. Je l'embrasse, lui indique que je l'appelerais. Fin de nuit à Saigon, fin du voyage aussi.

Je n'ai pas envoyé ma carte à M. Dans la cabine de l'avion aujourd'hui, les annonces étaient en français, en anglais et en vietnamien. Dernières traces. Qu'en restera-t-il ? Pas le moment évidement de faire des bilans. Laisser faire le chemin. En soi. En rentrant, un garçon, paraît-il m'attend. Peut-être. Est-ce que je saurais, est-ce qu'il saura me retenir ? Voir loin. La tête haute rajoute-t-il.

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Commentaires
E
Merci de votre accueil à tous les deux. :))
M
oui, bon retour.<br /> Tu as raison, trop tôt pour faire un bilan, laisse couler le temps...
C
Bienvenue à la maison.<br /> Paris, c'est joli aussi.
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