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EyckBlog - Journal des Riens
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13 juin 2004

En escalade

Au point de départ…son départ. Un départ attendu il y a un an et reporté contre sa volonté. Un départ très loin de la ville pour douze mois minimum qui pourrait se prolonger et sans retour assuré. J’étais prévenu quand je l’ai rencontré, je m’en suis arrangé. Puisqu’il refuse aussi toute construction, tout échafaudage amoureux, j’ai tenté de me servir de ce départ possible pour me protéger et cesser d’attendre de lui. Un départ comme point d’horizon sur lequel nous sommes restés fixés pour continuer d’être ensemble, et nous avons bricolé depuis ce temps une histoire aux perspectives limitées mais habitée du présent à vivre.

Sur un malentendu, j’ai cru d’abord une fois de plus que peut-être cela ne se ferait pas. Mais au fur et à mesure de la conversation, les contours de la situation sont devenus plus précis. Il a la main et selon toutes probabilités, il partira. En l’écoutant, j’observais la lumière tiède sous les abats jours, sur la table de la terrasse le scintillement des bougies éclairant le couvert soigneusement disposé, au-delà l’éclat bleu de la piscine dans la pénombre, et dans cet enchantement là, j’ai senti que si rien ne me retenait quelque chose allait lâcher prise et que j’allais tomber. Surpris de me trouver en si mauvaise posture, le nez collé maintenant au mur de la réalité que j’avais cru pendant longtemps pouvoir escalader, j’ai eu la tentation de l’appeler au secours et de venir me sauver du sentiment d’abandon. Viens, prends-moi dans tes bras et empêche moi de glisser. Mais avec lui, on ne hurle pas, on ne panique pas. Après le dîner, j’ai attendu alors, au bord du précipice, qu’il vienne me rejoindre dans le lit où je faisais semblant de ne pas avoir peur, en lisant un bouquin sur lequel je ne me concentrais pas. Il est venu  et nous avons fait l’amour comme jamais jusqu’ici. Pour la première fois, c’est lui ensuite qui a posé sa tête contre ma poitrine et s’est endormi, et moi qui lui caressais la nuque. Et dans ce geste là, j’ai compris qu’il venait de m’offrir un point d’appui et que je pouvais recommencer à grimper. Ce n’était pas moi qui avais besoin d’être protégé, c’était lui. Tout était bien, c’était à moi de choisir.

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Commentaires
E
oui. j'ai vu que tu étais vivant. je suis content.
C
Pensées.
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