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EyckBlog - Journal des Riens
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18 avril 2004

Il faut sauver le soldat Bush

 

La situation actuelle me conforte dans l'idée qu'il aurait fallu un soutien massif des pays membres de l'Onu à l'intervention militaire décidée par Bush en Irak. Sur l'essentiel, la guerre a été la moins pire des solutions.

 

Michael Ignatieff dans un article du Monde (Comment j'ai changé d'avis sur l'Irak 21/03/04) nous dit qu'en définitive, Saddam Hussein, du moins jusqu'en mars 2003, n'avait pas la moindre intention d'obéir aux inspecteurs des Nations Unies, jusqu'à ce qu'une démonstration de force crédible commence par le faire changer d'avis, résultat auquel les pays qui n'étaient pas partisans de l'option militaire n'étaient pas parvenus. Vous ne menacez personne d'un pistolet que vous dites chargé à blanc. Fallait-il alors se servir de l'arme posée sur la tempe du dictateur ? On sait que Hussein échappait aux sanctions, qu'il s'enrichissait par des ventes illégales de pétrole et que s'il acquérait des armes, on pouvait peut-être le dissuader de s'en servir lui-même, mais que celles-ci pouvait être transmises à des terroristes qui eux ne se retiendraient pas. On a dit que l'argument n'était pas le bon et  que les américains souhaitaient intervenir pour le pétrole. Mais il s'agissait bien de cela, comme le dit Ignatieff, le pétrole était un facteur fondamental qui aurait permis grâce à ses revenus à Hussein "d'attaquer de nouveau les Kurdes, d'achever l'anéantissement des chiites, de menacer l'Arabie Saoudite et de continuer à soutenir les kamikazes palestiniens, ansi que, peut-être, Al-Quaïda." Il souligne que si l'Amérique n'avait eu à l'esprit que de faire main basse sur le pétrole, ils auraient eu beau jeu de poursuivre leurs petits arrangements avec Saddam (ce dont un certain nombre de pays occidentaux ne s'étaient pas privés jusqu'ici).

 

Le problème est que l'argument de la guerre "préventive" (empêcher Saddam d'acquérir des armes et les transmettre) n'est pas celui qui a été présenté mais celui d'une guerre "préemptive" (arrêter Saddam qui posséde déjà ces armes). Comme le dit toujours l'auteur de l'article, "si le mensonge n'était pas le problème, l'exagération l'était et aucun de ceux qui soutenaient la guerre n'apprécie la façon dont un danger grave et grandissant (...) s'est lentement métamorphosé en une menace imminente." Blair en difficulté l'apprend à ses dépens et Aznar viré a payé pour cette manipulation.

 

Pour autant pouvait-on dire la vérité à des opinions publiques qui ne veulent pas envoyer leurs soldats se battre à moins de menaces imminentes alors que des intervention plus tardives auraient demandé des sacrifices plus grands ? Je crois que oui, la vérité pouvait être dite, que ce qui avait été expliqué pour le Kosovo ou l'Afghanistan était aussi valable en Irak et que la guerre pouvait être menée pour renverser un état policier, un régime sanglant. La réalité objective était que Saddam était un tyran, qu'il avait commis des génocides et le fait que les Etats Unis soutiennent d'autres dictateurs ne changent rien à l'affaire. Que le changement de régime ait été pour Bush un objectif secondaire peu m'échaud, et qu'importe les arrières pensées pour un bon résultat. Personne me semble-t-il n'a regretté la chute de Saddam. Je m'interroge encore sur les raisons pour lesquelles la France n'a pas mis alors au service de cet objectif là, la flamboyance de sa diplomatie. Que les intentions de l'administration américaine aient été troubles est quelque chose d'établi, mais je ne vois toujours pas ce qui aurait pu empêcher les Européens de soutenir l'intervention au nom du droit d'ingérence.

 

Cette position si elle avait été présentée à l'Onu aurait véritablement changé la donne. Pas en ce qui concerne les opérations militaires en elle-même, mais pour la gestion de l'après-guerre. Michael Ignatieff écrit :"Une administration s'intéressant aux droits de l'homme aurait compris qu'il ne peut être question de droits de l'homme sans ordre et que l'ordre ne peut être établi après une victoire si les plans pour l'invasion sont dissociés des plans pour l'occupation." "Si, il y a un an, on m'avait demandé de décrire où nous en serions le 15 avril 2004 en Irak (...), je n'aurais pas précisément décrit la situation telle que nous la connaissons aujourd'hui", a déclaré le secrétaire à la défense américain, Donald Rumsfeld, lors d'une conférence de presse à Washington. Indécrottablement optimistes et ethnocentrés, les américains n'ont pas compris que pour les irakiens, les libérer de Hussein était une chose, les gouverner en était une autre. Une intervention militaire réellement soutenue par une très grande majorité de la communauté internationale aurait permis à des forces de polices plus nombreuses et plus diverses dans leur composition et donc plus légitimes, de favoriser, une fois l'ordre rapidement établi, la transmission du pouvoir aux irakiens. Ce que les américains s'apprêtent à faire en Juin, mais dans la violence et la douleur, augurant bien mal de la stabilité et l'intégrité des régimes futurs.  

 

Il faudrait puissament aider les américains à réussir cette transition, car nous n'aurons rien à gagner à les voir échouer. L'enlisement ou le retrait donnerait le signal de l'affaiblissement de la puissance dominante, qui profiterait au renforcement de groupes terroristes ou puissance hostiles, de la course aux armements et provoquerait des désordres plus grands encore auxquels l'Europe ne pourraient pas, seule, faire face. Oui, avant, pendant, après l'intervention, il aurait fallu, il faut sauver le soldat Bush.

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