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EyckBlog - Journal des Riens
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24 mars 2004

Politique fiction

Presque un cas d'école... dans le conflit israelo-palestinien, on est pris de vertige à observer la glissade presque mécanique  de deux peuples, qui à force d'incompréhensions et de violences cumulées, s'entrainent mutuellement et irrémédiablement dans le conduit d'entonnoir de plus en plus étroit les menant à une situation chaque jour plus atroce et finalement sans issue.

Il semble pourtant que beaucoup - et c'est celà qui est extraordinaire, sans doute sont ils majoritaires des deux côtés - ont su faire le deuil de l'anéantissement de l'adversaire, des rêves glorieux d'un Grand Israël ou d'une Palestine sans juifs, et que l'idée de co-existence de deux Etats comme seule solution viable doive s'imposer.

Pourquoi ce pragmatisme, si il est enfin  partagé de part et d'autre, ne triomphe-t-il pas ? 

Sharon porte la lourde responsabilité  de ne vouloir offrir aucune autre alternative au rapport de forces, au "containment" palestinien et à la répression. Si on peut comprendre qu'Israël  ait à se défendre farouchement et répondre même de manière sanglante à ceux qui encourage et organise des attentats terroristes sur son territoire, provoquant des morts dans un si grand nombre qu'en proportion les mêmes crimes aurait déclenché en France une réaction déchaînée, si on peut le comprendre, cela ne veut pas dire que la Loi du Tallion doive servir de politique unique.

L'exact chemin se trouve être le plus difficile à emprunter, et avait été défini en son temps par Rabbin : "Je négocie en oubliant le combat contre le  terrorisme, je combats le terrorisme en oubliant les négociations". Sharon certes mène le combat contre le terrorisme en visant la reddition des extrêmistes palestiniens - ce qui semble impossible -mais ce faisant, il ne remplit qu'une partie du boulot. Son dernier fait d'armes, l'assassinat du leader spirituel du Hamas Cheik Yacine qui ne cachait pas son objectif de faire disparaître tous les juifs de la région en les renvoyant dans leurs pays d'origine, peut sembler parfaitement légitime tant la haine des islamistes palestiniens que Yacine galvanisait ne trouve plus de limites. Mais le meurtre du chef (remplacé par un autre, plus fanatique encore), loin d'apaiser la situation ne pourra qu'entraîner un déferlement  de rancoeurs plus grandes (200.000 manifestants à Gaza aujourd'hui) et de violences, si il n'est pas accompagné de gestes clairs d'invitation au dialogue et à la négociation. Aux masses palestiniennes rendues d'autant plus rageuses parce que découragées par les multiples atermoiements du gouvernement Sharon  à la réalisation effective de la feuille de route, il faudra apporter une démonstration encore plus grande de la volonté d'Israël à régler le conflit, comme par exemple, rêvons un peu, un soutien sans ambiguïté au plan de Genève.

Négocié en secret par les modérés des camps israéliens et palestiniens, ce plan de paix  contient l'avantage majeur de régler de manière pratique et extrêmement détaillée les conditions d'une co-existence pacifique entre les deux états israélien et palestinien, loin des principes généreux de réconciliation abrahamique mais généraux et flous définis à Oslo.

En proposant de discuter sur les bases de ce plan, en tendant la main de manière si éclatante aux palestiniens, Israël contraindrait Arafat a choisir enfin entre ceux qui notament au Fatha sont à l'origine de ces propositions de règlement, et un Hamas extrêmiste qui ne cesse de le déborder. Ce serait alors l'occasion unique pour le vieux lion de quitter dans l'honneur et le respect un pouvoir qu'il a voulu conserver contre vents et marées pour finir par y perdre toute crédibilité.

Un revirement aussi incroyable de Sharon est peu probable... à moins que ne change aussi l'attitude de ceux qui sont seuls capables de lui imposer. Peu de chance que Bush soient de ceux-là tant sa réélection prochaine est contingente du soutien des évangélistes, qui ne veulent pas entendre parler d'un partage de Jérusalem compris dans les propositions de Genève. Mais si Kerry devait emporter les présidentielles, peut-être une évolution de  l'administration américaine est-elle possible ? Un règlement positif au conflit israélo-palestinien serait alors la meilleure réponse au développement d'un islamisme sanglant réunissant dans la même haine le Hamas et  les soutiers de Ben Laden.

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