Economie sociale du sentiment
J2M m'a dit un jour qu'il avait peur d'ouvrir les vannes parce qu'il n'était pas sûr de pouvoir les refermer. C'était en une phrase, résumer ce que je perçois effectivement de lui. J2M se protège, et se défend. J2M ne veut pas (plus) se faire de mal alors J2M se réserve. Il donne mais pas trop au cas où on n'en voudrait pas. Evidement, il me demande d'en faire autant. J'ai lu quelque part que pour les asiatiques un cadeau engage celui qui le recoit, quand pour l'occidental, le cadeau doit être gratuit, dénué de toute arrière-pensée. J'ai l'impression que J2M ne veut pas être mon obligé, et que je le contraigne par de trop beaux cadeaux, à devoir me rendre la pareille. Bon le système est assez classique. Ce qui est assez nouveau, et pour des raisons strictement identiques, c'est que je me mets moi aussi, avec plus ou moins de bonheur, à mesurer ce que je donnes de moi à l'aune de ce que je pourrais en attendre. Je pense souvent à M. en ce moment. Comme une espèce de référence absolue, une période de ma vie où je me livrais, sans garantie, sans stratégie et sans calculs. Une façon de dire, je mise tout sur toi, j'aurais tout de toi, capital et dividendes. Je penses à cette période en me disant que rien ne vaudrait d'être vécu si je ne pouvais pas revivre cet abandon, cette dépense là et en même temps je ressens encore la frayeur, la douleur intense de me retrouver à m'abandonner de cette façon et ne pas en être payé de retour. Ces constatations peuvent sembler banales, mais c'est que je suis assez surpris de me rendre compte que je peux moi aussi fonctionner à l'économie. En somme, les lois du marché sont devenues plus complexes. Je me vends, j'achète, j'investis, je me désinvesti, je gagnes, je perds, j'épargne et je dilapide. Alors, petit requin, on est devenu gestionnaire ? Ben voui, faut que je penses à ma retraite.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)